Doctor Davies et Mister Moffat

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Maintenant que la saison 7 est finie, et que le silence sur la suite des aventures du Docteur durera encore quelques mois, le temps est venu de faire le bilan de l’aventure Doctor Who après trois interprètes et deux showrunners.

Attention, cet article contient des spoilers. Les saisons 1 à 7 sont abordées, jusqu’à l’épisode de Noël 2013, The time of the Doctor.

Ahlala… Steven, Steven… Qu’est ce que je suis ennuyée d’aborder cette synthèse… Parce que je t’aime bien, Steven, et même que c’est grâce à toi que j’ai commencé à regarder Doctor Who. Je te connaissais showrunner sur Sherlock, j’avais adoré. Apprenant que tu dirigeais Doctor Who, je me suis mise à regarder cette étrange série de SF britannique qui me semblait bien kitch que je ne pensais pourtant pas aimer. Mais pour toi, j’ai commencé. Et j’ai découvert un bijou d’écriture et d’invention. Mais pour tout bien comprendre, j’ai commencé au recommencement, en 2005…

Et j’ai découvert que Doctor Who, dépassé l’aspect carton pâte et SFX cheaps, c’est avant tout une institution (rappelons que le show a fêté ses 50 ans en novembre 2013). J’ai découvert un univers fourmillant, génial, drôle, touchant et complexe. Une mythologie forte que le showrunner de la renaissance de la série, Russell T Davies, ancien fan, a su faire sien.

Allons-y!

Quatre saisons et demie (ce n’est déjà pas banal), deux Docteurs, une foule de nouveaux personnages, d’anciens ennemis récurant…
Puis Davies laisse la main à son confrère Steven Moffat. Trois saisons, un épisode anniversaire, un nouveau Docteur, de nouveaux ennemis, de nouveaux compagnons.

Qu’en est-il du bilan de ces deux univers ? Qu’en est-il du regard que l’ont peut porter sur ces deux productions si différentes venues de la tête de deux hommes fans de la même série dans leur enfance ? Comment un même univers peut-il être traité de manière presque opposées ? Quelles sont les forces et les faiblesses de ces deux périodes ?

Je vais essayer d’être objective, mais je vous le précise ici : j’ai commencé à regarder Doctor Who grâce à Moffat, et c’est Davies que j’ai aimé. Quelque part, Moffat m’a déçu. Mais après de nombreuses lectures d’articles de blogs, je commence à cerner pourquoi. Et je peux aussi comprendre que ce qui ne m’a pas plu ne tiens pas à la qualité du showrunner, mais à l’angle qu’il a choisi de traiter en majorité.

Prêt pour ce bilan ?

 

Russel T Davies, le sociologue

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Rappel des épisodes écrits par RTD :
1.1 Rose
1.2 The end of world
1.4 Aliens of London
1.5 World War Three
1.7 The long game
1.11 Boom town
1.12 Bad Wolf
1.13 The parting of the way
2.0 The Christmas invasion
2.1 New Earth
2.2 Tooth and claw
2.10 Love & monster
2.12 Army of ghosts
2.13 Doomsday
3.0 The runaway bride
3.1 Smith and Jones
3.3 Gridlock
3.11 Utopia
3.12 The sound of drums
3.13 Last of the Time Lords
4.0 Voyage of the damned
4.1 Partners in crime
4.10 Midnight
4.11 Turn left
4.12 The stolen Earth
4.13 Journey’s end
4.14 The next Doctor
4.15 Planet of the dead
4.16 The water of Mars
4.17 The end of time 1
4.18 The end of time 2

Russel aime les gens. En tout cas, il aime ses personnages. Lui même ne s’aime pas trop, et angoisse perpétuellement sur la qualité de sa production. A ce niveau, le recueil A Writter Tale raconte à travers la publication d’emails échangés avec un journaliste travaillant au magazine Doctor Who l’état d’esprit du showrunner pendant son run. On y découvre un scénariste très peu confiant en ses capacités, angoissé de faire revivre un show mythique sans savoir si celui-ci prendra auprès du public, mais soutenu grâce à une collaboration sans faille avec sa productrice Julie Gardner qui se démènera pour maintenir le scénariste à flot en lui assurant la possibilité d’exécuter ce qu’il crée.

Russel T Davies a commencé en écrivant pour des séries jeunesses pour la BBC, déjà en parties orientées SF. Mais sa première création reconnue est Queer As Folks (1999), première série mettant en scène comme seuls personnages principaux un groupe d’amis homosexuels. La série sera un succès, et bien que courte, une adaptation verra le jour outre-manche. Il concentre sa narration sur les relations et les états d’âme de ces personnages. Reflet d’une communauté peu médiatisée alors, mais aussi reflet d’une société en mouvement.

Avec la possibilité de faire renaître Doctor Who, Davies a la possibilité de mêler ses deux amours : la science-fiction et l’exploration sociologique de notre monde. Les personnages de Davies sont profonds et très écrits. Les compagnons du Docteur sont des femmes actives, modernes, et au caractère bien défini. Rose, Donna et Martha sont trois femmes très différentes, et très réalistes. Les personnages secondaires ne sont pas en reste : Jacky, le capitaine Jack Harkness, la famille de Martha, Wilfried… Tous des personnages avec leur histoire, leur caractère, leurs bons et leurs mauvais cotés. On pourrait les avoir déjà croisés, rencontrés. Davies est un fin observateur, et excelle à faire exister ses personnages. Il n’a pas peur des sentiments, et n’hésite pas à utiliser les relations entre les personnages comme ressorts principaux de ces histoires.

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La plupart de ses scénarios se déroulent sur terre, à notre époque. Au final, la SF n’est pas une fin en soit, seuls quelques éléments fantastiques/extra-terrestres viendront perturber soit le quotidien des personnages, soit le monde entier. Ce thème du monde complètement bouleversé par un événement extérieur (souvent alien) reviendra souvent dans ses productions, jusque dans les saisons 3 et 4 de Torchwood, la série spin-off de Doctor Who qu’il showrunnera par la suite. Ce qui importe pour Davies, c’est comment l’humanité réagit face à un évènement surnaturel. Souvent dramatiquement. La nature humaine n’est pas glorieuse quand il s’agit de survivre. Le Docteur et ses compagnons devront la plupart du temps trouver une solution alternative à ces problèmes.
Les épisodes vraiment SF eux, sont toujours un reflet de notre monde, une réflexion sur notre société. Un satellite qui abruti l’humanité de programmes télé pour mieux la dominer, un embouteillage sans fin qui maintient la population enfermée sous terre pour mieux la dominer… les préoccupations de Davies sont là aussi récurrentes.

Les acteurs enfin, donnent toute la mesure de leur talent dans les personnages si bien écrits de Doctor Who. Selon son caractère, on aime ou déteste tel personnage. J’adore Rose, je sais qu’une amie ne la supporte pas. J’y vois une jeune femme combattante, avide d’améliorer son sort de simple vendeuse, quelqu’un de profondément marqué par l’absence de son père, une jeune femme drôle et touchante incarnée par une actrice très expressive. Mon amie n’y voit qu’une jeune fille gâtée, toujours bonne à bouder ou à profiter du malheur des autres sous prétexte de satisfaire ses propres désirs. Ces deux visions sont justes, et correspondent au personnage. C’est le talent d’écriture de Davies d’arriver à créer des personnages si ambivalents qu’ils ressemblent à de véritables personnes qu’on aime ou déteste selon sa sensibilité.

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Son Docteur, bien qu’interprété par deux acteurs très différents, est sautillant et pétillant. Mais il est aussi grave et torturé. Rongé par une guerre du temps dont on ne sait que peu de choses, par la perte de son peuple. David Tennant (10e Docteur) réussit cette interprétation toute en subtilité de ce dieu solitaire qui aimerait tellement être humain.

En temps que showrunner, Davies tient les rennes de son équipe d’écriture. A part quelques épisodes écrits par Moffat et Gatiss, la plupart des scénaristes travaillant avec lui sont considérés comme plutôt jeunes. Parmi eux, Chris Chibnall, qui héritera par la suite de la série spin-off Torchwood (à noter que Chibnall continue d’être un scénariste régulier sur la série, et que malgré son échec relatif sur Torchwood, il est à l’écriture du magnifique Broadchurch). Russell T Davies s’entoure de jeunes talents d’écriture, ce qui lui permet de retravailler les scénarios de chacun des membres de son équipe en plus de ceux qu’il écrit lui même. Avec, comme résultat, une grande cohérence d’un bout à l’autre de son run, et une grande régularité dans le caractère des personnages et leurs relations. Très à cheval sur la cohérence, il confie une anecdote d’écriture dans « the writer’s tale » : la cohérence est fondamentale, pour que l’univers reste crédible. Si quelque chose était impossible dans un épisode, il faut qu’il le reste toujours. Ce tic d’écriture peux poser des problèmes d’un épisode à l’autre et oblige le scénariste a trouver des solutions plutôt que d’avoir recours à un Deus Ex Machina.

Steven Moffat, le conteur

STEVEN MOFFAT, lead writer and Executive Producer for Doctor Who Series 1.

Rappel des épisodes écrits par Steven Moffat :
1.9 The empty child
1.10 The Doctor dances
2.4 The girl in the fireplace
3.10 Blink
4.8 Silence in the library
4.9 Forest of the dead
5.1 The eleven hour
5.2 The beast below
5.4 The time of angels
5.5 Flesh and stone
5.12 The Pandorica opens
5.13 The Big Bang
6.0 A Christmas carol
6.1 The impossible astronaut
6.2 Day of the moon
6.7 A good man goes to war
6.8 Let’s kill Hitler
6.13 The wedding of River Song
7.X The Doctor, the widow and the wardrobe
7.1 Asylum of the Daleks
7.5 The angels take Manhattan
7.XX The snowmen
7.6 The bells of St-John
7.13 The name of the Doctor
7.XXX The day of the Doctor
8.0 (?) The time of the Doctor

Steven Moffat reprends les rênes d’un show bien installé après cinq années de rodage. Il est aussi attendu par le public. Les quelques épisodes qu’il a écrit sont très appréciés, et Blink (saison trois) est devenu un cas d’école d’écriture de scénario temporel. A l’inverse de Davies, il crée aussi de nouveaux ennemis très efficaces et dont le potentiel horrifique est assez élevé (les contaminés aux masques à gaz, les automates, les anges pleureurs, les ombres dévoreuses). Il installe aussi des personnages prometteurs, qui augurent des retours flamboyants (Jack Harkness, la fille du Docteur (il ne la crée pas mais c’est lui qui insiste pour la garder vivante), River Song). Il a distillé des éléments de mythologie par petites touches pendant le run de Davies qui augurent de chouettes moments à venir.

Monstres et mythologie. Ce sont peut-être les deux mots clés de l’écriture de Steven Moffat. Le showrunner révèle une passion pour les mystères et l’invention de nouveaux éléments dans l’univers. Durant l’ère de Moffat, Daleks, Cybermen et Time Lord sont des éléments peu utilisés. Au contraire, les Anges pleureurs reviennent à plus grande échelle. Mais aussi les Silences, de nouveaux monstres que l’ont oublie dès qu’on les voit ; une faille mystérieuse qui apparaît partout et semble suivre les personnages…

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Mais cette prédisposition au mystère caractérise aussi les personnages créés par Moffat. Amy, la fille qui avait une faille dans sont mur. Rory, l’homme qui meurt. River, la femme qu’on rencontre dans le désordre. Clara, la fille qui est née deux fois. Ces personnages n’en sont pas vraiment. Ce sont avant tout des concepts qui nourrissent le scénario. Amelia Pond est une petite fille orpheline qui vit dans une grande maison vide, soi-disant élevée par une tante qu’on ne verra jamais. Elle est en couple avec Rory dont on verra quelque peu les parents à l’occasion de leur mariage mais guère plus. Leur couple connaîtra des hauts et des bas causés par les aléas de leurs aventures, causant des problèmes de cohérences dans leur relation et la caractérisation des personnages. Clara aussi souffre de ce manque de famille. Celle-ci n’apparaîtra que tardivement dans l’épisode de Noël clôturant la saison 7. La rencontre de ses parents est vaguement évoqué dans un épisode, et ce uniquement pour justifier un élément de scénario dans la suite de l’histoire, mais pas dans le but de rendre le personnage réel. Le mystère de l’enfance et l’existence de River sera finalement expliqué au cœur de la saison 6, mais là encore, ces événements ne sont là que pour servir le scénario, le mystère, et pas les personnages. Ceux-ci resteront très extérieurs à ce qui leur arrive. En parallèle de cette origine, l’histoire d’amour entre River et le Docteur qui est développée reste difficilement crédible. Si les caractères des deux personnages fonctionnent assez bien en duo, on peine tout de même à croire au développement d’une intrigue amoureuse entre eux, et principalement parce qu’ils se rencontrent dans le désordre et qu’on les imagine mal avoir du temps pour eux en dehors des aventures narrées dans la série.

Les personnages ne sont pas bien définis non plus dans leur fonction. Amy : Bisougramme (non édulcoré pour les oreilles chastes des enfants de gogo danseuse sexy) ? Modèle pour photo de mode ? Écrivain pour enfants ? Rory : Infirmier ? Médecin de campagne ? Clara : Nounou ? Prof ? River : Archéologue ? Aventurière ? Voleuse ? Détenue ? Des fonctions caricaturales, peu claires et peu réalistes et changeantes d’un épisode à l’autre en dépit de toute logique. A l’inverse, The Writter’s Tale révèle comment Davies pense ses personnages : lors de la saison 4, avant de savoir que Catherine Tate reprendrait le rôle de Donna, il réfléchit au futur compagnon du Docteur, Penny. Et il se pose directement ces questions : Qui est Penny ? Quel est son travail ? Journaliste. Elle est du nord. Elle a une drôle de mère. Et peut-être un grand-père. La première chose que Davies fait, avant de savoir à quoi Penny servira dans le scénario, c’est de lui créer une vie, de la rendre palpable, crédible.
Si Donna est la seule compagne à avoir un statut professionnel peu définit, c’est délibéré et cela entre dans la psychologie du personnage : Donna est une trentenaire qui peine à trouver sa voie dans le monde. C’est un reproche beaucoup fait à Moffat, le fait de ne donner à ses acteurs que des coquilles vides à incarner.

The Ponds and the Doctor

Si on extrapole, c’est en ce sens que Moffat est un conteur. Les contes sont truffés de concepts. Mais de concepts généraux qui définissent tels ou tel pan de l’existence : la princesse, la méchante sorcière, le chevalier, l’enfant abandonné, le prédateur, la quête du bien sur le mal, l’apprentissage de la vie… Steven Moffat est un conteur des temps modernes. Il nous sert des histoires merveilleuses (au sens littéral du terme), beaucoup plus empreintes de fantaisie et de magie que Davies. Les monstres font vraiment peur, les univers font rêver. Il suffit de prendre son premier Christmas Special, qui est une relecture des fantômes de Noël de Dickens. C’est un véritable conte des temps modernes, avec des détails fantastiques comme ces poissons flottants dans le brouillard.

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C’est peut être pour cela que Moffat divise autant le public de Doctor Who. Qu’il déçoit autant qu’il fascine. Selon ce que chacun cherche dans la série, son travail est adoré ou boudé. Moffat insuffle un souffle épique et fantastique qui manquait peut-être du temps de Davies, mais il ampute à ses personnages tout ce qui les rendait humains et attachants.

Mais qu'est-ce que je fais ici ?

Mais qu’est-ce que je fais ici ?

Son Docteur est très différent, lui aussi. Interprété par un Matt Smith très prometteur, le personnage est malheureusement atteint du même syndrome de coquille vide que les autres personnages. Au résultat, un personnage au physique mutant et au look de vieux professeur foufou qui gesticule et parle très vite dont on peine à écorcher le vernis pour voir ce qu’il se cache dessous. On sent une tentative d’amener une profondeur, malheureusement trop légère, tout comme le développement de l’histoire d’amour avec River. Matt Smith doit se contenter de quelques gimmicks. Preuve s’il en est que le personnage a du mal à être cerné ? En cours de saison 7, la perte d’Amy et Rory permet au personnage de gagner en profondeur et en solitude, et un changement de costume matérialise ce changement de personnalité. Jamais vu encore avec un Docteur, le changement de look serait-il une tentative maladroite de relancer un Docteur 11.2 pour la fin de son run sur une piste mieux définie ?

Eleven 2.0

Eleven 2.0

Deux autres caractéristiques de l’écriture de Moffat viennent encore un peu perturber la lecture de son univers et de son run. Davies avait un tic, peut-être restrictif, de consacrer une saison à un an de vie du Docteur avec son compagnon. Chaque année les personnages étaient plus vieux d’une année, et les aventures qui n’étaient pas racontées n’avaient aucune importance dans le déroulement de la saison. C’est une vision simpliste et carrée de la continuité, mais qui avait le mérite d’être claire et facile à suivre dans une série qui peut mélanger aussi facilement les lignes temporelles.
Moffat prend un tout autre parti : il n’y a plus de règle. Il peut ainsi se passer cinq ans entre deux épisodes d’une même saison ; le Docteur peut disparaître et vivre 200 ans de son coté avant de revenir voir ses compagnons ; ou encore, il peut se passer plusieurs milliers d’année dans le même épisode. Ce traitement de la ligne temporelle du Docteur est totalement inédite, jamais vue depuis les débuts de la série. Les ellipses ainsi créées perturbent la compréhension des personnages. Entre deux épisodes, ils ont évolué d’une ou plusieurs années, leur situation a changé du tout au tout, et on peine presque à les reconnaître. L’identification est alors très difficile. Dans le dernier épisode diffusé, qui sait combien d’années ont passé pour que le Docteur devienne ce vieillard, alors que 200 ou 400 ans ne l’ont pas fait prendre une ride ? Qu’est-ce que ces milliers d’années bloquées sur une même planète peuvent avoir comme impact sur le personnage ? Etc. De nombreuses questions de cohérence se posent, et il se peut qu’elles n’aient tout simplement pas de réponse, car pas d’impact, car nous sommes dans un conte. Pas dans un univers réaliste.

Autre différence d’écriture avec Davies : Moffat ne tient pas les rennes de son univers comme le faisait son prédécesseur. Moffat écrit ses épisodes, est très présent sur les tournages, et donne les directions générales de la saison à son équipe d’écriture. Mais il ne supervise pas les scénarios des autres écrivains de la même manière que Davies. Il s’entoure de scénaristes plus chevronnés (Mark Gatiss, fidèle ; Chris Chibnall qui a finit de faire ses armes ; Neil Gaiman, célèbre écrivain de SF et de Fantastique…) qui n’acceptent pas d’être réécrits comme pouvait le faire Davies. Là encore, la cohérence d’éléments de background, de suivit des personnages, de leur caractère en pâtit forcément. La cohérence « technique » de l’univers aussi en souffre : loin de bloquer sur des détails pour assurer la cohérence comme le faisait RTD, certains détails gênants sont tout simplement évacués d’une fois sur l’autre. Là encore, si on reste dans le conte et le merveilleux, ça pourrait passer, mais quand on tient à la cohérence de l’univers, ça bloque forcément d’un épisode à l’autre. Le tout dernier épisode, le Noël sur Trenzalore, est un festival d’incohérences pour arriver à reconnecter les derniers mystères du 11e Docteur entre eux avant sa régénération. Dommage, car cela donne une impression de gâchis et de bâclage (exemple tout bête : on découvre enfin qu’elle était la plus grande peur du Docteur, celle qui se cachait dans la chambre 11 du vieil hôtel. Une faille ! La même faille que celle d’Amy ! C’était ça, la plus grande peur du Docteur ? Mais ? Juste avant, dans l’épisode spécial 50 ans on nous a encré dans la tronche que le War Doctor était le moment de sa vie que le Docteur cherchait à tout prix à fuir et à garder secret ! Ca aurait été parfait comme plus grande peur ! Quand il dit « bien sur, quoi d’autre ? » Seul le War Doctor avait suffisamment d’importance pour avoir sa place ici ! Mais non. Moffat oublie ses propres morceaux de mythologie d’un épisode à l’autre pour remplir les cases n’importe comment.)

Regarde à quoi ressemble vraiment la peur, Steven ! And remember it!

Regarde à quoi ressemble vraiment la peur, Steven ! And remember it!

On ne peut s’empêcher non plus d’être déçus de ne pas voir revenir les éléments prometteurs distillés durant l’ère RTD : River et les anges sont revenus. (Et les anges sont un peut trop revenus. Et d’ailleurs : pourquoi ces anges qui arrivent à « capturer » River et Clara par les poignets ne les envoient-elles pas dans le passé ? Ce n’est pas ce qui est censé arriver quand un ange vous touche ?… Si. Sauf que là c’est problématique pour Moffat viendrait car cela vient anéantir ses effets scénaristiques. Il s’arrange donc avec ses propres règles quand cela l’arrange. Cette manie fini par être lassante : Moffat nous prendrait-il pour des imbéciles ?) Mais aucun signe du Capitaine Jack, ou de la « fille » du docteur…

En conclusion, je comprends que les Doctor Who de Moffat plaisent énormément aux enfants, et parlent particulièrement aux adultes qui ont encore un enfant qui sommeillent entre eux. Plus merveilleux, plus fantastiques, plus épiques, ces épisodes en mettent plein les mirettes. Mais je fais partie de ce public qui, peut-être à cause de ma formation, à surtout besoin de s’identifier aux personnages pour entrer dans l’histoire, et a besoin de cohérence pour croire à un univers. Je suis prête à adhérer à presque n’importe qu’elle histoire si les personnages et l’univers me paraissent réels. En ce sens, je suis dans la mouvance de mon romancier de prof d’écriture de St-Luc, Thomas Gunzig : l’histoire importe peut, au final. On peut raconter des histoires très banales, si les personnages sont bien écrits, s’ils sont crédibles, 80% du travail est fait.

En temps que spectateur, nous ne pouvons que laisser Moffat faire, en se rappelant ce que disait Davies : « Creating something is not a democracy. The people have no say. The artist does. » (Créer quelque chose n’est pas une démocratie. Les gens n’ont rien à dire. L’artiste fait). 

Pour aller plus loin :

http://www.a-suivre.org/levillage/who-niverse.html

http://www.dailymars.net/?s=doctor+who

http://www.dailymars.net/doctor-who-les-5-failles-du-showrunner-steven-moffat/

http://www.dailymars.net/doctor-who-saison7-la-crise-des-effets-speciaux/

http://www.dailymars.net/doctor-who-7×14-the-name-of-the-doctor-critique-de-lepisode/

http://www.dailymars.net/doctor-who-special-50-ans-the-day-of-the-doctor-critique-de-lepisode/

http://www.dailymars.net/doctor-who-7×16-the-time-of-the-doctor-critique/

http://stockholm.eklablog.com/les-compagnes-du-docteur-1-independance-et-vie-de-couple-a90230567

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